On parle souvent du Yin Yoga comme une pratique complémentaire des Yogas traditionnels. Le Yin et Le Yang en quelque sorte. Dans la tradition du Tao, on définit le Yin par rapport au Yang et inversement, rien n’existe dans l’absolu. L’un ne peut exister sans l’autre. On parle du côté solaire pour le Yang et du lunaire pour le Yin, du masculin et du féminin…
« Yang is about changing the world. Yin is about accepting it as it is »
Bernie Clark
En Yin yoga, le premier pas de côté par rapport à une pratique dynamique, c’est le travail avec des muscles relâchés, totalement. Pas facile pour tout le monde …
Relâcher ses muscles c’est leur demander de ne pas agir, de ne pas jouer leur rôle de protection des articulations. Alors quand on entre dans une posture en yin, cela se fait de manière très lente, très douce, toujours en conscience pour écouter comment nos articulations réagissent sans le soutien musculaire habituel.
On pourra utiliser des supports pour rendre la posture plus accessible en fonction des possibilités que nous offre notre corps. Sentir le soutien de ces supports (briques, coussin) pour explorer la sensation inhabituelle de nos ligaments, nos tendons, nos fascias … les solliciter pour les renforcer, les rendre encore plus vivants.
« If you are feeling it, you are doing it. »
Bernie Clark
Le second grand principe d’une pratique Yin yoga est de trouver ses limites « to find the edge ». On peut l’entendre dans un premier temps par la prise physique de la posture. Lorsque l’on s’installe dans la posture de façon yin, on ne va pas directement au maximum. On avance progressivement, en écoutant les sensations. Il faut trouver l’endroit où l’on va s’arrêter, longtemps. Alors cet endroit doit être « juste comme il faut ». Il faut juste sentir quelque chose, une résistance, significative dans le corps. Ne pas aller directement au plus profond, mais jouer : un petit peu plus, un petit peu moins, accompagner le corps, danser avec lui. Alors le corps s’ouvre et se relâche, permettant d’aller un peu plus profondément. Avec le souffle, ressentir comme le corps joue de ses limites, attendre encore un peu, et suivre la nouvelle invitation qu’il nous propose, comme suivre les vagues de l’océan. Le but n’est pas de s’arrêter là où tout est confortable, on ne sentirait plus rien alors….non il y a ici une part d’inconfort, on y reste tant qu’il n’y a pas de douleur.
La limite peut être aussi au niveau du mental. Les postures de yin yoga peuvent nous paraitre familières, proches de celles de nos pratiques yang mais on ne les nomme différemment (comme Kapotasana : Pigeon en yang & Cygne en yin), car elles ne se ressemblent pas : notre corps se place à sa façon, la posture ne ressemble à rien de connu, elle est différente d’une personne à l’autre, il n’y a pas de modèle type, pas de posture qui ressemble à celle des magazines de yoga. Ce qui importe avant tout c’est la sensation. Donc laissez tomber le mental et l’idée de la posture idéale extérieurement, ici tout se passe à l’intérieur. On se débarrasse du superflu pour entrer en profondeur, et on y reste, immobile et longtemps.
« To still the mind, the breath must be calm. To calm the breath, the body must be still. »
Bernie Clark
C’est le troisième principe : l’immobilité. Dès que l’on veut bouger, on doit activer les muscles….or le premier principe est d’être dans la posture yin yoga, muscles relâchés = inactifs. Tout cela, avec une respiration stable. Quand le corps ne bouge plus, la respiration se calme. On ne l’entend plus, silencieuse et profonde, lente et régulière. Lorsque on arrive à cette respiration douce, l’immobilité la plus profonde arrive, celle du mental. La clarté de l’esprit émerge, les nuages disparaissent. Conscience du corps, du souffle, du mental. Tout est alors possible.
La dernière étape est de rester dans la posture. Et d’y rester longtemps. Cela ne veut dire pas 5 ou 10 respirations, non on vise ici entre 3 et 5 minutes. Certains peuvent même rester 10 minutes quand la pratique yin devient plus familière. Ainsi on cible les tissus conjonctifs : tendons, ligaments, fascias qui ne peuvent pas être renforcés comme on renforce les muscles. Les muscles ont besoin de mouvements répétitifs pour s’épanouir. Les tissus conjonctifs, plus profonds ont eux besoin de temps. C’est comme chez le dentiste ; pour modifier l’orientation de dents mal placées, le dentiste n’y va pas avec un petit marteau car il peut les endommager. Il va plutôt poser des bagues, des câbles, à resserrer petit à petit, tous les 3/6 mois. C’est pourquoi en yin quand on parle d’intensité d’une posture, il s’agit de la durée et non pas d’aller plus loin.
Alors prêts pour explorer en mode Yin Yoga ?
« Don’t go where it is too deep or too much. Don’t stay where it is too little either (…) Find the middle path. »
Bernie Clark